Situations positives

Situation 1 

Nous sommes lundi 16 novembre et il est prévu que je prenne en charge l’activité point d’actualité de 11 heures au résidentiel. Vendredi en quittant la résidence l’ergothérapeute m’a demandé de l’animer en choisissant des articles de l’actualité pour en discuter. Elle m’a demandé de sélectionner des évènements positifs pour ne pas les « choquer » et pour avoir une discussion « optimiste ». Mais ce vendredi 13 novembre il y a eut des attentats à Paris où l’on déplore beaucoup de victimes et de blessés, c’est cela l’actualité encore ce lundi matin. Nous sommes en cercle au salon et j’entame donc ce point d’actualité. J’introduis la conversation en expliquant ce qu’il s’est passé vendredi, deux ou trois personnes sont très choquées par ce que je dis mais pour la plupart elles étaient déjà au courant car elles ont suivi le journal. J’explique qu’à midi nous ferons une minute de silence en hommage aux victimes. Après cela, les bénéficiaires posent des questions auxquelles je tente de répondre comme qui a fait ça et pourquoi,… Je réponds avec les informations que j’ai du journal et nous parcourons les articles ensemble. Nous discutons tout au long et échangeons nos ressentis. A midi nous faisons la minute de silence et ensuite se clôture le point d’actualité.

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Cet atelier a donné l’occasion au résident de s’exprimer par rapport à l’actualité ou encore de l’entendre tout simplement. Pour beaucoup ils ont suivis les nouvelles et étaient devant leur télé au moment des faits. Cela a été l’occasion d’exprimer ses ressentis, de partager, de mieux comprendre ce qu’il s’est passé. Sur le site éducation aux médias des personnes âgées, le fait que ce public est plus sensible face à ce genre de catastrophe et qu’ils risquent d’amplifier le message est énoncé. En parler durant l’atelier m’a donc permis de resituer les évènements et de pouvoir détecter les mauvaises interprétations. Il a s’agit aussi de rassurer ses personnes, de leur dire qu’elles sont en sécurité au sein de la résidence.

Je fais l’hypothèse que l’éducation aux médias répondrait à leurs besoins dans cette situation. Surtout que cet évènement d’actualité restera dans les mémoires. Je pense qu’il serait judicieux de leur donné des outils pour savoir interpréter les messages médiatiques aux mieux, et l’éducation aux médias pourra les aider à prendre distance avec ceux-ci. Cette démarche aidera les bénéficiaires à mieux cerner l’univers médiatique et à être mieux armés face aux messages qu’ils véhiculent. Ces personnes ont pour la plupart encore un excellent discernement et pourront réutiliser les questionnements utilisés dans l’éducation aux médias pour développer leur esprit critique.

Situation 2 

Je suis aux Myosotis où les résidents sont au salon pour la sieste, certains sont dans leur chambre. Les personnes dans le salon sont allongés ou assis sur les fauteuils, certains dorment et d’autres regardent la télévision où est diffusé une reconstitution d’enquête pour meurtre. En entendant l’histoire je la trouve violente et décide de changer de chaîne. Madame X me demande pourquoi je change sur un ton agressif et me dis de remettre l’émission parce que cela intéresse tout le monde. En effet beaucoup regarde la télévision et Madame X réagis oralement à l’émission et donne son avis avec sa voisine. Monsieur Y hoche souvent la tête en approbation à ce que l’enquêteur dit, il était procureur général dans le temps. L’émission se termine et comme tout le monde y était très attentif je leur pose quelques questions sur ce qui s’est dit.

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Comme dit précédemment, je suis aux Myosotis donc l’unité protégée accueillant des personnes démentes. En voyant l’émission dont il était question j’ai directement voulu changé de poste. En effet, le livre de Linda Benattar parle des risques de mauvaises interprétations de la télévision des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. « Ils ont du mal à séparer l’image de la réalité, ce qui est tangible de ce qui est virtuel. » (BENATTAR L., p.240) Il faut donc être très attentif à ce qui est diffusé et aux réactions des résidents. Dans cette situation j’ai ressentis une agressivité de Madame X quand j’ai changé, sa demande fut claire j’ai donc remis l’émission. En observant tout le monde je peux constater qu’aucun résident ne réagis agressivement à ce qui émane du téléviseur. Mais je reste avec eux en tentant d' »animer » l’enquête, c’est-à-dire en réexpliquant avec d’autres mots ou en posant des questions à l’un ou a l’autre. Ce média a stimuler les personnes qui l’ont regardé et les ont intéressé au vu de leur réaction et de leur non-verbale par rapport à d’autres qu’ils ont pu regarder passivement.

J’ai d’abord pensé qu’il serait très difficile de faire de l’éducation aux médias avec des personnes âgées atteintes de démences, mais dans cette situation je pense qu’elle serait bénéfique. En effet analyser le média en lui-même leur permettraient peut-être de mieux discerner la télé de la réalité si confusion il y avait. Ensuite discuter de l’émission après l’avoir regardé serait une bonne stimulation cognitive. Avec ce public il sera évidemment de vigueur d’adapter la démarche pour leur faire comprendre au mieux le concept de « reproduction », de « diffusion ». Il faudrait utiliser des méthodes spécifiques pour tenter de parler sur le média en question mais les résultats ne sont pas garantis et dépendent des troubles de chacun. Pour un stade avancé de la maladie d’Alzheimer par exemple, le moment sera oublié rapidement, donc cette confusion persistera.

 

Sources

BENATTAR L. et LEMOINE P.(2014), La vie Alzheimer, Paris: Pocket.

LE MAINTIEN A DOMICILE. L’éducation aux médias des personnes âgées.http://www.maintienadomicile-conseils.com/cadre-de-vie/education-aux-medias-personnes-agees. Consulté le 28.12.14.

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